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Vaincre le burnout : un effort collectif, plus qu’une lutte personnelle

Le burnout n’est pas qu’une simple sensation d’épuisement.

Il s’agit d’un état pathologique, à la fois physiologique et neurologique, qui se développe au fil du temps et demande parfois plusieurs mois de convalescence avant d’en venir à bout.

Dans le monde du travail, l’épuisement professionnel et le syndrome de l’imposteur sont devenus des réalités omniprésentes : d’après l’étude Asana sur l’Anatomie du travail (version 2022), sept travailleurs de la connaissance sur dix ont été victimes de burnout ou du syndrome de l’imposteur l’année passée, et près de 42 % d’entre eux ont connu les deux. Ces données suggèrent donc qu’il existe un lien entre les causes profondes de ces deux phénomènes.

Il y a peu, Asana m’a proposé de participer à la création d’un nouveau rapport spécial autour du burnout. Nous souhaitions souligner la nécessité pour les dirigeants d’entreprise de réagir et leur indiquer comment se mobiliser pour réussir à fidéliser leurs meilleurs éléments, l’objectif étant de se tenir à distance d’un tel fléau. Cet investissement commence par la sensibilisation des employés aux signes caractéristiques du burnout. Mais ce n’est pas tout ; il convient aussi d’identifier les raisons pour lesquelles le syndrome de l’imposteur affecte les employés d’une manière parfois invisible aux yeux des managers. 

Syndrome de l’imposteur : tour d’horizon de la situation actuelle

Près de la moitié (49 %) des membres de la génération Z et Y déclarent souffrir du syndrome de l’imposteur au travail. Dernière à être entrée sur le marché du travail, la génération Z semble la plus touchée, avec plus des trois quarts (78 %) de ses membres ayant déjà fait l’expérience de ce syndrome. Toutes générations confondues, 52 % des femmes interrogées dans le cadre de l’étude Asana sur l’Anatomie du travail 2022 ont déclaré ressentir le syndrome de l’imposteur, contre 46 % des hommes.

Je m’arrête un instant sur le syndrome de l’imposteur. Permettez-moi d’être franche : je suis une femme, issue des minorités et une personne de couleur qui travaille dans le domaine scientifique (les STIM : sciences, technologie, ingénierie et mathématiques). Je me souviens avoir remarqué qu’à l’université, la majorité de mes professeurs, les auteurs des livres que je lisais, les enseignants formidables qui dirigeaient les recherches auxquelles je participais étaient des hommes blancs. À l’époque, j’avais l’impression d’être à ma place ; ou peut-être que je me le répétais suffisamment pour que cette illusion devienne une quasi-réalité. Or, ce qui est impressionnant s’agissant du syndrome de l’imposteur, c’est qu’il peut s’imposer avec force dans votre esprit dès lors que vous avez l’impression de ne pas être à votre place, même si votre travail et vos résultats sont excellents.

Suis-je vraiment aussi sûre de moi et confiante au quotidien ? Toutes mes années de théâtre auraient-elles porté leurs fruits de manière inattendue, alors même que je tentais tant bien que mal de me fondre dans la masse ? En bref, j’essayais désespérément d’être à l’aise quand j’étais si différente de tous ceux que j’admirais. 

Par exemple, imaginons que je suis une personne qui brille en classe et qui réalise un travail fantastique au laboratoire. Malgré cette réussite manifeste, je continue de penser que je n’ai pas ma place dans cet environnement. Quelle qu’en soit la raison, c’est toujours ma perception qui l’emporte, même si, objectivement, je n’ai pas à rougir de mes performances. 

Voici deux autres conclusions tirées de nos recherches : les personnes qui ont souffert du syndrome de l’imposteur au cours de l’année passée sont plus sujettes à deux formes d’anxiété :

  • Anxiété au travail (68 %)
  • Anxiété en dehors des heures de travail (62 %)

Les liens entre syndrome de l’imposteur et burnout sont clairement établis dans l’étude Asana précédemment évoquée. Profitons-en pour nous intéresser aux signes qui montrent qu’un employé est en train de s’épuiser au travail, et qui doivent donc nous alerter.

Burnout : cinq signes qui doivent vous alerter

D’après les conclusions du rapport spécial d’Asana sur le burnout, l’épuisement professionnel dont ont été victimes les employés l’année passée entraîne les conséquences suivantes :

  • Baisse de moral (36 %)
  • Manque d’implication (30 %)
  • Multiplication des erreurs (27 %)
  • Démissions (25 %)
  • Problèmes de communication (25 %)

Ces données montrent que le burnout est bien plus qu’un sentiment de mal-être et qu’il existe probablement des indicateurs précis que les entreprises peuvent et doivent surveiller.

Le stress, un facteur qui accélère la survenue du burnout chez les jeunes

Dans mon travail de neuroscientifique spécialiste des sciences cognitives, j’ai remarqué que de nombreuses personnes ont du mal à faire la distinction entre le stress normal (occasionnel), le stress chronique et le burnout. Également consultante spécialiste des entreprises, je constate que de nombreux leaders chevronnés sont choqués et démunis face à l’épuisement professionnel dont sont victimes les jeunes employés. Bien souvent, ils ne comprennent pas les raisons qui expliquent ce mal-être profond et se demandent pourquoi les jeunes générations s’épuisent alors qu’elles n’accomplissent pas davantage que leurs collègues plus âgés.

« La pandémie a eu des conséquences plus marquées pour la jeune génération de travailleurs »

La pandémie a eu des conséquences plus marquées pour la jeune génération de travailleurs : occasions limitées de développer ses compétences, difficultés à nouer des relations ou à bénéficier d’opportunités de mentorat en personne. À distance, demander de l’aide est vite devenu un casse-tête, sans compter que les supports d’accueil et de formation étaient parfois de qualité médiocre. 

Essayez de vous mettre à la place de ces jeunes. À 23 ans, vous sortez de l’université diplôme en poche et vous entamez votre carrière en milieu urbain, loin de votre lieu de résidence habituel. Soudain, la crise sanitaire vient tout bousculer et vous vous retrouvez isolé, miné par un fort sentiment de solitude. Sans doute entourés de leurs familles, vos collègues plus âgés n’ont peut-être pas autant souffert de ces désagréments liés la pandémie. 

Si nous souhaitons éviter que les employés soient victimes de burnout et expérimentent le syndrome de l’imposteur, misons tout d’abord sur la sensibilisation. Plus nous serons informés sur ces facteurs de souffrance, plus nous réussirons à préserver la santé de nos collaborateurs.

Cinq conseils pour éviter le burnout

Pour écarter tout risque d’épuisement au sein de nos environnements de travail, l’une des stratégies les plus efficaces consiste à faire en sorte que les leaders montrent l’exemple et adoptent des comportements qui deviendront la norme. Je vous propose cinq conseils pratiques pour prendre les devants et lutter contre le burnout, surtout si certains signes vous alertent chez vos employés.

1. Commencez par exprimer vos besoins, puis soyez à l’écoute de ceux de vos employés. 

2. Définissez les attentes de votre équipe en début de projet. 

3. Limitez les distractions. 

4. Participez à des séances de sensibilisation avec votre équipe. 

5. Prenez du temps chaque jour pour développer des stratégies à adopter contre le burnout. 

Envie d’en savoir plus ? Téléchargez le rapport Asana destiné aux décideurs : L’Anatomie du travail – rapport spécial : lutter contre le burnout et motiver ses employés.

Lisez cet article en anglais, allemand, portugais, espagnol ou japonais.

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