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L’histoire de FigJam, l’outil Figma qui a révolutionné le brainstorming

En août 2021, la conférence annuelle de conception Config de l’entreprise Figma a été une occasion parfaite pour son PDG Dylan Field de revenir sur un principe fondamental. Plus d’un an après l’isolement physique de millions de personnes dû à la pandémie de Covid-19, son message a pris une toute nouvelle dimension :

« On ne crée de grandes choses qu’ensemble. »

Dylan Field a profité de ses 22 minutes de présentation pour annoncer le lancement d’un nouveau produit Figma, neuf ans après la création de l’entreprise. Son nom ? FigJam, un outil alors parfaitement adapté au contexte mondial.

Avec ce nouveau produit, Figma souhaitait s’affranchir des frontières du bureau : le processus d’idéation, c’est-à-dire l’étape qui consiste à recueillir des idées et à imaginer des scénarios en tout genre, pourrait enfin avoir lieu à la maison.

Dites oui au désordre

Au début de chaque processus créatif, les parties prenantes se réunissent pour échanger sur leur nouveau projet. Au programme : beaucoup d’enthousiasme, une absence de règles et une volonté de collaborer en utilisant tout le matériel disponible. Et c’est ce qui compte. Cela explique probablement pourquoi les idées révolutionnaires naissent toutes de la même manière : griffonnées sur des serviettes en papier, tableaux blancs ou quelque pense-bête que ce soit.

Ce processus collaboratif devient bien plus simple avec un outil basé sur le cloud qui permet aux équipes de réfléchir ensemble à distance. C’est un peu comme dans un jeu en mode « multijoueur » pour reprendre l’expression issue de l’univers des jeux vidéo utilisée par Dylan Field lors de sa présentation.

L’isolement causé par la pandémie a précipité cette volonté de rendre possible les séances de brainstorming à distance. Un projet ambitieux était né : réunir les esprits créatifs coûte que coûte.

Et c’est à cette occasion que Figma créa FigJam.

Les 950 employés de Figma développent des logiciels de conception. Fondée en 2012 et basée à San Francisco, l’organisation compte parmi ses clients un nombre impressionnant d’entreprises. Ces dernières utilisent Figma, une plateforme de conception collaborative, pour créer certaines des expériences numériques les plus populaires au monde. Devinez qui se cache derrière le parcours de navigation sur Netflix ou celui de Zoom ? Figma ! En effet, cet outil était alors principalement utilisé par les designers et les développeurs.

Mais alors que la pandémie progressait, l’utilisation de Figma a peu à peu évolué : les utilisateurs ont commencé à s’en servir d’une manière inattendue, allant jusqu’à surprendre les créateurs du logiciel eux-mêmes, qui se concentraient jusqu’alors sur l’ergonomie de l’outil.

« Figma a toujours été utilisé pour le brainstorming, les tableaux blancs et les diagrammes », a rappelé D. Field lors de son discours. « Les utilisateurs considéraient presque Figma comme un espace physique. L’année dernière, nous nous sommes demandé comment nous pouvions aider les équipes à échanger et collaborer en s’amusant dès les premières étapes du processus de conception. C’est ainsi qu’est né notre nouveau tableau blanc, FigJam. »

Emily Lin, cheffe de produit et responsable du lancement de FigJam, a confié à Asana que l’utilisation de Figma s’était accrue de manière inattendue. Les individus assistaient à des réunions à la maison, mais n’avaient plus de tableau blanc physique à disposition pour échanger leurs idées. Ils se sont donc mis à utiliser Figma à la place, comme en témoigne ce tweet posté à l’époque.

Les utilisateurs organisaient des séances « Figma and Chill » et « traînaient » simplement sur le fichier. Figma n’était plus seulement utilisé par les designers UX pour concevoir des parcours produits, mais bien pour communiquer. Elle explique même que des employés de Figma ont organisé un jeu de rôle digne du Cluedo directement sur la plateforme, avec les armes, personnages et cachettes qui vont avec.

« Nous venions de mettre le doigt sur quelque chose d’intéressant », révèle Emily Lin. « Nous en avons conclu que nous pourrions créer un outil qui répondrait concrètement aux besoins liés aux premières étapes du processus de brainstorming. Nous faciliterions ainsi la tâche à beaucoup de personnes. »

Quand les utilisateurs orientent le développement de produits vers de nouveaux horizons

Moins d’un an après l’apparition des premières séances « Figma and Chill » et leur succès auprès des utilisateurs, le PDG de Figma, Dylan Field présentait FigJam lors d’un discours, un outil pour le moins surprenant…

D. Field est arrivé avec une présentation truffée de pense-bêtes numériques, dessins en tout genre, autocollants faits maison, sans oublier les curseurs des souris de chaque utilisateur participant au projet. Ces derniers se déplaçaient sur l’écran pendant la présentation, illustrant ainsi à merveille le potentiel de ce nouveau produit en matière de productivité et d’accessibilité.

« Nous souhaitions dès le départ faire de FigJam un outil à la portée de tous, et pas seulement destiné aux designers », rapporte Emily Lin. « Les phases parfois désordonnées du processus de conception concernent toute l’équipe : plus il y a de personnes impliquées, plus les idées fusent et donc plus les produits sont performants. Nous avons pour cela dû revoir tous les termes utilisés au quotidien par les designers et nous assurer qu’ils seraient compris par tous, autrement dit même par des personnes n’ayant jamais utilisé d’outil de conception de leur vie. »

« Dans presque tous les outils de conception de la planète, l’extrémité d’une image est par exemple appelée un trait. Mais sur FigJam, on parle plutôt de bordure », explique Lin. Elle ajoute par ailleurs que de nombreuses discussions ont eu lieu pour parvenir à proposer un champ lexical plus accessible, à l’image du produit.

L’utilisation d’Asana par Figma

Lorsque vous créez un produit de toutes pièces, une « hiérarchisation rigoureuse » est de mise, précise Emily Lin. « ll est essentiel de donner aux équipes une idée claire de ce qu’elles doivent accomplir et à quel moment. Asana a été très utile à cet égard. Je travaillais tous les jours sur cette plateforme avec les ingénieurs pour faire avancer les tâches. »

D’après Bersabel Tadesse, cheffe de produit chez Figma, Asana centralisait l’ensemble de la coordination. Les collaborateurs n’avaient qu’à s’y connecter pour obtenir des informations sur le projet, accéder aux documents et contribuer à la création de FigJam.

« Il est essentiel de donner aux équipes une idée claire de ce qu’elles doivent accomplir et à quel moment. Asana a été très utile à cet égard. »

Comme nous l’explique Emily Lin, l’équipe a défini des jalons sur Asana pour suivre le développement de FigJam. Tout le monde était d’ailleurs très enthousiaste à l’idée de franchir l’ensemble ces nouvelles étapes.

Bersabel Tadesse ajoute que son équipe a utilisé Asana pour créer un projet qui servirait de bibliothèque de documents, et donc de source de référence à toute l’entreprise.

« Les équipes se rendaient sur Asana pour obtenir des informations sur le projet et suivre sa progression. Asana nous a aidés à faire le lien entre les documents que nous rédigions et les données spécifiques sur la façon dont nous allions réellement effectuer le travail. »

Mais cela n’a pas été de tout repos. Emily Lin s’en souvient parfaitement : quelque chose clochait sur FigJam et Jenny Wen, alors designer, avait bien l’intention d’y remédier.

Le problème ? L’outil FigJam avait été conçu pour établir des relations humaines, mais manquait d’âme.

Jusqu’alors, Figma n’offrait aucune possibilité de discuter par messages écrits ou audio. Le concept de FigJam, outil de brainstorming collaboratif, exigeait pourtant ce type de fonctionnalité. Après tout, quel est l’intérêt d’une séance de brainstorming s’il est impossible d’échanger en temps réel ?

Comme le rapporte Emily Lin, Figma a confié à plusieurs développeurs une tâche de dernière minute : intégrer un « curseur de tchat » et un tchat audio en temps réel. Une décision plutôt risquée, selon elle.

« Créer un produit en faisant le lien entre la technologie et l’humain était bien entendu assez ambitieux », déclare E. Lin. « Mais je pense que cela a plutôt bien fonctionné, même si nous étions tous assez nerveux. Les gens adorent utiliser le curseur de tchat, cela leur permet d’échanger en direct avec d’autres personnes dans un fichier. »

« Une fois la décision prise de miser sur l’aspect ludique, tout est devenu beaucoup plus clair. »

« Réfléchir à plusieurs dans un même espace crée une sorte de synergie, et sans elle, il s’avère parfois difficile de se sentir en sécurité et donc de faire preuve de créativité », déclarait Jenny Wen lors du lancement de FigJam.

Selon Bersabel Tadesse, le processus de création de FigJam offrait la possibilité d’aller plus vite sur bien des points, avec toutefois un risque pour le produit de perdre en qualité. L’équipe aurait pu se contenter de copier les fonctionnalités de Figma sur FigJam, ou encore d’utiliser le code existant au lieu d’en créer un nouveau. Mais l’équipe a vite pris une décision qui a changé la donne : travailler en s’amusant, peu importe la situation.

« Une fois la décision prise de miser sur l’aspect ludique, tout est devenu beaucoup plus clair », explique Bersabel Tadesse. Dès le lancement de la version bêta de FigJam, les utilisateurs se sont amusés à créer des choses surprenantes et à en parler sur Twitter. Les développeurs étaient les premiers surpris. L’équipe avait bien fait de consacrer des ressources supplémentaires et de s’évertuer à donner une « âme » à FigJam.

« Tout le monde s’amusait ! Nous savions alors que nous étions sur la bonne voie », rapporte Bersabel Tadesse.

Plus d’un an après, l’équipe FigJam compte plus de 40 collaborateurs. Certaines choses n’ont pourtant pas changé selon Emily Lin, notamment la manière dont son équipe analyse l’utilisation du produit par les utilisateurs. « Nous allons quotidiennement sur Twitter pour voir les commentaires sur FigJam », ajoute-t-elle.

Bersabel Tadesse explique : « Nous souhaitons puiser dans la créativité infinie de notre communauté et collaborer avec chacun pour commercialiser le meilleur produit possible. »

Le produit ne cesse d’ailleurs d’évoluer : il est désormais possible d’organiser un vote et d’écouter de la musique sur FigJam.

D’où vient le nom FigJam ? « Fig » pour Figma et « Jam » pour le “fun” ! « Jamming » est un verbe que l’équipe utilise pour décrire le fait de travailler à plusieurs sur FigJam. « Ce terme traduit toute la joie que nous ressentions en nous amusant avec le produit », a déclaré Priya Kotak, responsable du marketing produit chez Figma, lors du lancement de FigJam. Pour la petite histoire, il s’agissait également du nom de code du projet depuis le début de l’aventure.

En ce qui concerne la croissance, le succès de FigJam reflète l’adoption rapide de Figma. Selon l’entreprise, environ deux tiers des nouveaux utilisateurs de FigJam ne sont pas designers.

« L’essence de FigJam réside en son authenticité », réitère Emily Lin. « Nous souhaitons continuer à trouver des moyens de faire ressortir son “âme” et de rendre le produit encore plus performant et exploitable. Notre souhait ? Que FigJam continue de faire partie du quotidien des utilisateurs et des équipes. »

Quelques articles complémentaires :

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Special thanks to Emily Lin et Bersabel Tadesse, cheffes de produit chez Figma et Emma Esrock, responsable de la communication chez Figma.

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